Le 29 septembre 2012. Pierre-Alexandre a
réalisé un travail de recherche sur l'histoire de l'aérodrome,
situé sur le terroir de Monchy-Lagache
en Somme.
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L’aérodrome de Péronne Saint-Quentin a
été nommé différemment depuis sa création :
- Aérodrome de Péronne
- Aérodrome de Péronne Saint-Quentin
- A-72 Péronne Airfield
- Saint-Quentin Estres
Air Base
Il fût construit avant la Seconde Guerre
mondiale, par des habitants de la région, afin de desservir la ville de
Saint-Quentin située à 10 NM à l’Est du terrain et doté de
plusieurs bâtiments ainsi que d’une piste en herbe orientée 04/22.
Vue aérienne du 5 Juin 1939 avant la
construction du terrain
Lorsque la Bataille de France débute
le 10 Mai 1940, sont particulièrement visés par les bombardements allemands
les terrains d'aviation de Calais, Dunkerque, Metz,
Essey-lès-Nancy, Bron et Châteauroux.
Des centaines d’appareils sont détruits
au sol. En Belgique, la moitié des avions de la Force aérienne sont
détruits. Les attaques aériennes allemandes portent aussi sur le réseau ferré
français, ainsi que sur les gares et les nœuds de communication jusqu'à Bruxelles,
où des carrefours sont bombardés.
Le 22 Juin 1940, le gouvernement de
Pétain signe l’armistice et met fin à la Bataille de France. Les Allemands occupent le
territoire et réquisitionnent tous les terrains d’aviation, dont celui de
Péronne, nouvellement créé. L’aérodrome cependant n’est pas utilisé par les Allemands
immédiatement.
Les Allemands décident de construire 2
pistes «all weither» en béton à Péronne :
- la première de 5250 ft
x 164 ft
en 04/22 à la place de la piste en herbe
- la seconde de 5400 ft
x 164 ft
en 09/27
C’est en 1944, que la Luftwaffe y installe
plusieurs canons de 88mm des unités anti-aériennes :
- Flak-Regiment 87
- Flak-Regiment 19
Flak 18 de 5
tonnes chargement manuel 12-15 coups/min portée 10 km
Défense statique contre les bombardiers
A partir de Mars 1942, Hitler fait
dresser le «Mur de l’Atlantique», une série de fortifications pour prévenir les
attaques venant de l’Ouest. Les terrains d’aviation près des côtes de l’Atlantique
sont eux aussi réhabilités pour y accueillir des intercepteurs et des
chasseurs.
A la mi-Juin
1944, l’escadron de chasse n°5 JG5 ou «Jagdgeschwader
5», opére des Messerschmitt Bf
109 G
intercepteurs de jour.
Messerschmitt
Bf 109
G
L’objectif de la JG5 étant, d’intercepter et de
détruire les bombardiers B-17 et B-24 ainsi que des chasseurs P-38, P-47 et
P-51 qui les escortent, de la 8th USAAF «Eighth Air Force».
Un des premiers raids de la 8th USAAF sur l'usine aéronautique Focke-Wulf de Marienbourg par un B-17
en 1943
8th USAAF
L’aérodrome devient alors la cible de la
9th USAAF, opérant des bombardiers «légers» B-26 Marauder et des chasseurs
bombardiers P-47.
9th USAAF
B-26 B en Septembre 1943 ayant subi des
dommages par la FLAK
Les attaques étaient chronométrés afin
d’avoir l’effet de surprise et de clouer les intercepteurs sur le terrain et
les empêcher de décoller.
Après le débarquement du 6 Juin 1944, et
la libération de Paris (du 19 Août au 25 Août 1944), les Allemands reculent.
Début Septembre, la 9th USAAF balaye la
région de Saint-Quentin.
Le 5 Septembre, le terrain de Péronne et
ses 2 pistes passent sous le commandement du «IX Engineer
Command 862d Engineer Aviation Battalion»
et sont réaménagées rapidement.
Le lendemain, le terrain est opérationnel
et renommé «Advanced Landing Ground A-72 Péronne Airfield».
Le 10 Septembre, le bataillon réaménagera
le terrain de Cambrai-Niergnies à 19 NM de là.
A Péronne, des tentes pour le
cantonnement des mécaniciens et des pilotes sont dressées. Un meilleur accès au
terrain est construit sur l'infrastructure routière existante.
Des munitions, un dépôt d'essence et
d'eau potable sont installés. Un réseau électrique pour les communications et
éclairage de la station est mis en place.
L’A-72 Péronne Airfield
accueil les P-38 Lightning du «474th Fighter Group» à partir du 5 Septembre 1944 jusqu’au 1er
Octobre 1944.
Puis du 6 Octobre 1944 jusqu’au 25 Avril
1945, le terrain est occupé par les B-26 Marauder du «397th Bombardment
Group».
474th Fighter Group
P-38 Lightning
du «474e Fighter Group»
397th Bombardment
Group
Equipage du B-26 «Secksma
Sheen» (g. à d.) :
Major Lewis Burliegh SheenJr
pilote; Lt James Miller co-pilote
; Lt Lawrence O'Brien navigateur;
Sgt Randall
Murff ingénieur-tireur; Sgt. William Lindsey
opérateur radio-mitrailleur; Sgt Vearl Jasperson artilleur
Péronne
«ALG A-72» à l’automne 1944
Equipage du
colonel Keller Péronne «ALG A-72»
à l’automne 1944
Major Lewis
Burleigh Sheen & colonel
Clyde Harkins.
Péronne «ALG A-72» à l’hiver 1944
Capitaine
Gunn, Lt Block, Lt
Butterfield, et le major Lewis Burleigh Sheen. Péronne
«ALG A-72» fin 1944
Lt. Hoch & Lt Garton. Péronne «ALG A-72» en Janvier 1945
397th Bombardment Group Martin B-26B-55-MA Marauder 42-96153. Péronne «ALG A-72» en Janvier 1945
Lt
Harry Charles Sperry 599th BS 397th BG. Péronne
«ALG A-72» en 1945
Le 26
Avril 1945, à quelque jours de la fin de la guerre, le terrain de Péronne «ALG
A-72» est remis au «Air Force Logistics Command».
AFLC
Du 26
Avril 1945 au 30 Juin 1945, le terrain devient alors un dépôt de stockage pour
un grand nombre d'appareils excédentaires, dont une partie a déjà été retourné
aux États-Unis par bateau.
Le 30
Juin 1945, le terrain de Péronne est officiellement remis au Ministère de l’air
Français du Gouvernement de Charles de Gaulle, dirigé alors par le ministre de
l’Air Charles Tillon. L'aérodrome est alors laissé à
l’abandon, le ministère de l’Air n’ayant ni l'attrait ni l’argent pour
reconstruire l'aérodrome et les infrastructures d'avant-guerre.
En effet,
bien que certains bâtiments aient été réparés par les américains, la plupart
sont en ruines, détruits par les attaques aériennes alliées.
De plus,
beaucoup de munitions n’ont jamais explosées et sont encore dans le sous-sol
sur le site. Des épaves d’avions allemands et alliés jonchent l’aérodrome (le
29 Janvier 1945 le B-26 n°43-34455 se «crash» à l’atterrissage suite à une
panne moteur).
En
conséquence, le ministère de l'Air loue le terrain, les pistes et les
infrastructures à des agriculteurs après avoir envoyé des équipes de démineurs.
Vue
aérienne du 31 Août 1947
Après
guerre, la menace soviétique est grandissante, des négociations commencent donc
en Novembre 1950 entre l'OTAN et les États-Unis. L’objectif est de renforcer la
défense de l'Europe occidentale en établissant des bases aériennes sur le sol
français et en y stationnant des avions de combat.
L’Etat
français met alors à la disposition de l’OTAN & de l’USAF (United States
Air Force) le terrain de Laon-Couvron. Le terrain de
Péronne est alors utilisé comme terrain de secours et de dégagement. Il est
appelé «Saint Quentin-Estres Air Base».
En 1954,
la piste allemande 09/27 est donc réhabilitée aux normes de l’OTAN (2400 m ou 7900 ft),
avec un taxiway parallèle et deux plateformes de part et d’autre de la piste mais
sans «marguerites» d’escadron ni hangars.
Vue aérienne du 22 Avril
1955
Vue
aérienne du 04 Mai 1958
Vue aérienne du 02 Mars 1963
Malheureusement,
mise à part des «touch-and-go» de Martin B-57
Canberra (portant l’arme nucléaire), F-84 Thunderjet,
McDonnell F-101 Voodoo, la base «Saint-Quentin-Estrés»
n'a jamais été utilisé, pas même pour des exercices.
Le
général de Gaulle annonça le 7 Mars 1966 le retrait de la France du commandement militaire
intégré tout en restant dans l'organisation politique. Il donne alors aux
forces de l'OTAN un an (jusqu'au 1er Avril 1967) pour quitter le sol français.
Le 17
Mars 1967, la base est abandonnée par l’OTAN et l’US Air Force.
Celle-ci
fût reprise par la Chambre
de Commerce et d’Industrie de Péronne. Une nouvelle tour de contrôle avec un
petit terminal ont été construits. Un agent AFIS fût même employé par la Chambre de Commerce et
d’Industrie de Péronne de 1992 à 1995.
Vue
aérienne du 05 Juin 2001
En 2007,
dans le cadre de la loi de décentralisation, environ 150 terrains appartenant à
l’État sont cédés aux collectivités territoriales. Ceci afin de favoriser leur
développement et de rapprocher les usagers des gestionnaires. L’aérodrome de
Péronne fût cédé pour exploitation à la Communauté de Communes de la Haute Somme.
Aujourd’hui,
plusieurs hangars sont exploités par la société Picard’air,
l’aéroclub de Péronne et les écoles de parachutisme sur le site. Une partie de
l'ancienne piste allemande 04/22 est toujours utilisée comme aire de
stationnement et taxiway. On peut encore l’apercevoir aujourd’hui même si elle
est dans un état très dégradé. Les taxiways et la piste de l'OTAN sont toujours
utilisés, même si cette dernière a été réduite de moitié environ. Elle mesure 1390 m x 30 m.
Tour de contrôle en Mai 2008
Vue de l’aéroclub de Péronne
Réplique
de Spitfire alignée sur l’historique piste 22
Peronne Mai 2012
Vue aérienne avec Google Maps 2012